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Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots et nous dire ce que tu fais aujourd’hui ?

Claire-Marie, 26 ans. Parisienne et chaque jour plus admirative des beautés de cette ville, et de son énergie magique.

Quel est exactement ton rôle en tant que souscripteur d’œuvres d’art et d’objets précieux ? Comment décrirais-tu ton métier à quelqu’un qui ne le connaît pas ?

« L’art est inutile… mais cette inutilité est nécessaire. » Et c’est pour cela que l’art a une grande valeur. Et tout ce qui a de la valeur court le risque de la perdre. En proposant à des collectionneurs, musées, galeries, professionnels de l’art et de la joaillerie des couvertures d’assurance pour leurs œuvres d’art et objets de valeur, mon métier consiste à prévenir au maximum les risques et à créer le cadre pour qu’en cas de sinistre, un assuré puisse être indemnisé.

Après ton passage au collège Les Vignes, quel a été ton parcours scolaire puis professionnel ? (études, premières expériences, étapes clés)

De Bécon à Paris, j’ai poursuivi mon cursus scolaire au lycée, puis en classe préparatoire à Stanislas. J’ai intégré l’ESSEC en 2019, puis le double diplôme avec l’École du Louvre en 2020, finalisant ainsi en 2024 une double formation en commerce et en histoire de l’art.

Y a-t-il eu un moment déclencheur, une rencontre ou une intuition qui t’a orientée vers ce secteur assez spécifique ?

La recherche d’emploi post-diplôme a été plus longue que je ne l’aurais imaginé. J’avais le désir de poursuivre sur cette ligne de crête, au carrefour des disciplines dans lesquelles j’avais engagé mon cursus académique. J’ai frappé à la porte des personnes qui, dans les différentes branches du fameux « secteur culturel », touchent à ces points d’équilibre : le patrimoine des grandes maisons, le conseil en ingénierie culturelle, l’univers des maisons de vente, l’investissement dans l’art, la commande publique contemporaine, l’événementiel culturel… et l’assurance ! Je n’y avais jamais pensé, mais de fil en aiguille, de rencontre en rencontre (vive LinkedIn !), j’ai entendu parler de cette option. J’ai échangé avec beaucoup de professionnels du secteur, et l’une d’entre eux, mon actuelle manager, est revenue vers moi quelques mois après notre échange : une place s’était libérée dans son équipe.

As-tu toujours eu une sensibilité particulière pour l’art ? D’où vient cet attrait ?

Ce qui m’attire dans l’art, c’est la matière. L’artiste est celui qui, à partir de sa rencontre avec une matière, lui donne une forme, en extrait une beauté intérieure et singulière. D’où est-ce que cela me vient ? Je crois que je ne saurais vraiment le dire. Je sais que j’ai eu (et j’ai toujours) à travailler cette sensibilité. Ce n’est pas nécessairement naturel. Je sais en revanche que c’est vital.

En quoi ton métier te permet-il d’être en contact avec la création, la beauté ou la préservation du patrimoine artistique ?

Je repense souvent à l’histoire d’un tailleur de pierre, qui, dans sa carrière, était heureux de travailler à l’édification d’une cathédrale. C’est un peu pareil pour moi. Le contact avec l’œuvre est indirect et passe souvent par des listes Excel, quelques photos ou des rapports d’expertise. Mais le sens est bien la préservation du patrimoine. Avant de souscrire un contrat, l’assureur conseille (et parfois exige) la mise en place d’un certain nombre de moyens de protection pour préserver le patrimoine artistique.

Quelles compétences ou qualités ont été nécessaires pour exercer ce métier ?

Il faut de la rigueur, un sens juridique, un sens commercial, une compréhension des enjeux du secteur artistique et une connaissance des objets d’art.

À quoi ressemble une journée type dans ton poste actuel ?

RER, tour de La Défense, open space en flex office, café avec mon équipe… et la journée commence. Tous les jours, de nombreuses demandes arrivent par e-mail. Il faut les traiter, les analyser, proposer un contrat, le tarifer, négocier et signer. Et puis, il y a la vie du contrat et les questions des assurés auxquelles il faut répondre.

Qu’est-ce qui te passionne le plus dans ce métier ?

Ce qui m’enthousiasme le plus, c’est l’agilité qu’il exige, entre toutes les disciplines qu’il demande de maîtriser.

Quels sont les défis ou responsabilités les plus importants que tu assumes aujourd’hui ?

Si un contrat est mal écrit, au jour du sinistre, il peut se révéler injuste. Le défi est là : une juste appréciation du risque et le discernement sur la capacité de la compagnie à accompagner un client sur un risque, pour conseiller les bons moyens de protection et inscrire des clauses justes qui protègent l’œuvre d’art et son propriétaire, sans mettre en péril la compagnie d’assurance.

Retour sur tes années collège… Quelles images ou souvenirs te reviennent spontanément en pensant à tes années au collège ?

Le sol bleu, l’uniforme, les visages de mes amies et de professeurs édifiants.

Qu’est-ce que cette scolarité dans un établissement hors contrat, et entre filles, t’a apporté humainement ou intérieurement ?

De belles amitiés. Et de grandes ambitions. Aux Vignes, j’ai appris à rêver grand. Le monde attendait que j’accepte, chaque jour, de lui donner le meilleur de moi-même. J’y ai appris que le sérieux professionnel et le fait de viser haut pouvaient se marier avec un réel et authentique souci des autres. Que de mon travail bien fait dépendait beaucoup de belles choses.

Selon toi, quelle est la force de la communauté des Vignes (liens entre anciennes élèves, familles, esprit du lieu…) ?

Lorsque l’on se retrouve, on réalise que l’on a pris des chemins parfois très différents, professionnellement et humainement. Mais il y a cette histoire commune. Et pour celles qui, comme moi, sont reconnaissantes de ce que nous y avons reçu, on y puise une force qui donne une certaine stabilité pour vivre en cohérence dans les secteurs que nous avons choisis, sans s’enfermer dans un milieu fermé qui nous rassure.

As-tu ressenti que faire ton collège hors contrat a été un frein ou, au contraire, une force dans ton parcours futur (lycée, études, monde professionnel) ?

Je pense que ça n’a été ni une force ni un frein. Ce n’est pas l’absence de contrat qui a fait la qualité de la formation que j’ai reçue. Elle n’y a pas non plus nui. Je suis arrivée dans l’un des meilleurs lycées parisiens, très préparée intellectuellement et humainement. Et il a fallu poursuivre sur cette belle dynamique de sérieux que nous avions initiée. Cela dit, ce que les professeurs valorisaient le plus chez l’équipe qui venait des Vignes, c’était l’esprit que nous étions capables de porter, avec tous les autres.

Y a-t-il une phrase, un professeur, un moment marquant qui t’a particulièrement portée ?

Un jour, l’une des professeures nous a dit : « Pourquoi rester comme un oiseau de basse-cour, si tu peux t’élever comme un aigle ? » Elle citait saint Josémaria, dont les enseignements imprègnent l’inspiration du collège. J’ai eu envie de me dépasser, et j’ai compris que, puisque l’on croyait en moi ici, puisque Dieu croyait en moi, j’avais aussi le droit (et peut-être le devoir ?) de croire en moi et d’oser !

Dirais-tu que Les Vignes a contribué à forger ta manière de penser, de t’exprimer ou de t’engager ?

Complètement ! Chaque mois, nous avions une heure consacrée à réfléchir sur une vertu humaine. On partait d’anecdotes, de points concrets de notre vie, et on changeait de perspective. Et même en dehors de ces moments dédiés, j’y ai rencontré des personnes, j’y ai côtoyé des professeurs qui donnent envie d’être authentique. Attention… Les Vignes n’est pas un collège parfait. Et j’y ai peut-être même essuyé quelques blessures. Mais j’y ai aussi appris que la fragilité est une beauté de la personne humaine. Et que le bonheur n’est pas plastique et irréel. Le bonheur est à trouver, ici, maintenant, dans ma réalité imparfaite et blessée, en osant donner le meilleur de soi-même.

Que dirais-tu aujourd’hui à une jeune fille qui entre aux Vignes ?

Qu’elle a fait un très bon choix. Ou que, si elle ne l’a pas choisi elle-même, elle a l’opportunité de le choisir à nouveau. Les Vignes sera pour elle ce qu’elle voudra en faire. Elle est face à un livre blanc, et c’est à elle d’en écrire les pages. Le collège lui met simplement à disposition des stylos, de différentes couleurs et de différentes textures. À elle de choisir l’histoire qu’elle veut écrire et les clés qu’elle souhaite prendre et garder pour toute son existence.

Et à des parents qui hésitent à inscrire leur fille dans un établissement hors contrat par crainte que cela « ferme des portes » ?

Je comprends ces craintes. Le marché du travail est très exigeant. La pression des résultats aussi. Ma génération (et celles qui arrivent d’autant plus) est facilement et bien souvent abîmée par ces injonctions de réussite, de compétences à acquérir et desquelles savoir se justifier. Imaginez qu’un lieu se donne l’humble mission d’accompagner une jeune fille dans la formation de son intelligence, en harmonie avec sa croissance humaine et spirituelle. Imaginez qu’un lieu fasse le pari de se centrer sur la personne, sans pour autant négliger l’académisme. Pourquoi hésiter ? Il est possible que le cadre que proposent les Vignes ne corresponde pas à toutes. Mais la question des portes fermées ne me semble pas être une crainte fondée. Il suffit de regarder les générations d’anciennes qui ont précédé.

Si tu devais résumer en une phrase ce que Les Vignes représente pour toi, que dirais-tu ?

Un lieu où tant de choses se sont semées en moi. Et dont, encore aujourd’hui, en plongeant plus profondément en moi, en apprenant à me connaître, j’en découvre les fruits.

Réussir sa vie, c’est difficile. C’est une question difficile. Peut-être même anxiogène ?

Conquérir au présent un bonheur, en cherchant, à chaque instant, à faire le bien… c’est déjà plus accessible. Regarder le passé avec reconnaissance, l’avenir avec espérance, le présent avec optimisme, tout en étant réaliste, les pieds sur terre… je pense que c’est un peu cela, réussir chaque instant.