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Du 23 mai au 13 juin s’est déroulé le très prestigieux tournoi de tennis de Roland-Garros. Une de nos élèves a eu la chance d’y assister comme ramasseuse de balles. Son professeur principal est allé l’interroger sur son expérience de « ballos ».

Bathilde, quel est le parcours pour être ramasseur de balles à Roland-Garros ?

En Ile-de-France les candidats passent d’abord une sélection de trente minutes où on est noté sur le geste principal du ramasseur, le roulé, qui a pour but de se transmettre les balles entre ramasseurs pour éviter de devoir parcourir tout le terrain. Il faut bien se baisser sur les jambes, faire une boucle avec son bras comme si on faisait un coup droit au tennis puis envoyer la balle. Chacun a un geste différent mais le principal est que le roulé soit efficace !

Puis les concurrents retenus ont deux autres week-ends de sélection, et seuls les meilleurs auront la chance de fouler la terre battue de Roland-Garros !

Mais avec la crise sanitaire, cette année il n’y a eu qu’une petite sélection puis une autre de trois heures. A Paris 800 jeunes se sont inscrits et seulement 90 d’entre eux sont arrivés jusqu’au bout !

Quelles sont les qualités requises pour être ramasseur de balles ?

On attend d’un ramasseur de balles qu’il soit toujours à 200% sur chacune de ses interventions, rapide et discret sur le terrain. L’observation et l’anticipation sont également des qualités essentielles. Le roulé doit être le plus rapide, plat et précis possible. Nous sommes observés en permanence par des évaluateurs et après chaque rotation, on nous dit ce qu’il faut améliorer (concentration, dynamisme, accélération du roulé…).  Par conséquent, c’est un poste qui nécessite aussi une bonne résistance au stress.

En quoi consiste précisément ce poste de ramasseur de balles ? Comment se déroule une journée ?

Le ramasseur doit non seulement récupérer les balles sur le terrain mais il doit surtout les distribuer aux joueurs, les  renouveler tous les sept jeux (il faut donc bien suivre le score), pendant les changements de côté abriter les joueurs du soleil à l’aide des parasols et leur donner des bouteilles d’eau ou ce dont ils ont besoin. Avec le COVID, on ne leur donne plus leur serviette entre les points.

 Après notre arrivée au QG des ramasseurs avant 10h (si on est du matin), on nous explique le déroulement de la journée et chacun part sur son court avec son équipe et son encadrant. Puis on s’échauffe pendant 15-20 minutes et à 11h, c’est le début des matches ! Les rotations (moment de ramassage) durent une trentaine de minutes puis on se fait remplacer par d’autres ramasseurs. Une demi-heure plus tard, on entre à nouveau sur le court ! Les journées peuvent être très longues car certains matches se finissent vers minuit. Nos horaires sont complètement  aléatoires, cela dépend vraiment de l’avancée des matches sur notre terrain.

Qu’est-ce que vous a apporté cette expérience ?

Être « ballos » m’a permis de gagner en concentration, de travailler en équipe pendant trois semaines, d’améliorer mes capacités d’observation, de prendre des initiatives, de résister à l’épuisement. C’est bon pour la confiance en soi et le développement des réflexes. Mais surtout, je sors de trois semaines de ramassage avec des souvenirs plein la tête !!  

Quelle est l’ambiance entre ramasseurs ?

Même s’il y a une compétition entre les ramasseurs car seuls les 18 meilleurs accèdent à la finale, nous avons un bon esprit d’équipe entre nous et nous vivons notre rêve, alors nous profitons de cette expérience ! Nous avons même un groupe des ramasseurs qui nous permet de discuter ensemble avant, pendant, et après le tournoi !

Les joueurs vous parlent-ils ?

En tant que participants à l’organisation du tournoi, on nous demande d’adopter une attitude professionnelle et respectueuse sur et en dehors du court. On ne peut pas parler aux joueurs en leur demandant un autographe, par exemple. Cependant, les joueurs peuvent nous demander quelque chose pendant les matches. Dans ce cas-là, on doit être très réactif et les servir le plus rapidement possible. Certains joueurs sont très gentils avec nous, d’autres sont tellement concentrés dans leur match qu’ils nous oublient presque ! 

Quel est votre meilleur souvenir ?

C’est très dur de ne citer qu’un seul souvenir du tournoi. Lorsque j’ai ramassé Rafael Nadal, treize fois vainqueur de RG, c’était vraiment exceptionnel. 

J’ai aussi croisé le français Benoit Paire dans les couloirs qui s’est gentiment moqué de moi, car je n’arrivais pas à ouvrir une porte… Même un moment comme celui-ci peut nous marquer !

Roland-Garros est vraiment une expérience fantastique. Ca a été une vraie chance de la vivre. J’ai aussi été très touchée par le soutien de mes camarades comme de mes professeurs, qui étaient très enthousiastes !

Propos recueillis en direct de Roland-Garros par notre envoyée spéciale,

 Sabine de La Moissonnière